Théâtre Alsacien Strasbourg
 
 

La newsletter du TAS, n°12 

Cette saison 2016-2017 est notamment marquée par l'enchaînement inédit de deux pièces à une semaine d'intervalle : à peine replié le décor de «  De Adler un de Leeb  » que « Babyboom in schwarz-wiss » réclame toute son attention. Pour les comédiens et l'équipe technique, c'est une gageure : pendant des semaines, les pièces ont été répétées et préparées en même temps, tous les soirs de la semaine, comme le raconte José Montanari au cours de l'entretien qu'il a accepté de nous accorder. Pour les spectateurs, qui passent du drame à la comédie en quelques jours, c'est l'occasion de vivre un mois de mars placé sous le signe du théâtre, bien à l'abri des giboulées avant la venue du printemps !

 

«Babyboom in schwarz-wiss»

Comédie en 3 actes de Raymond Weissenburger

Mise en scène : Jean-Paul Zimmer

 

On ne présente plus Raymond WEISSENBURGER aux amateurs de théâtre alsacien. Durant les saisons passées, le TAS a joué de nombreuses comédies de cet auteur originaire de Seltz, notamment « Alleluja hitt isch Oschtere », « Mensch Meyer », « E Strich durich d’Rechnung », ou encore « Oh wie schrecklich ! », mais aussi des contes de Noël, avec « D’Marionette-Prinzessin un de arm Gänsehirt », ou « ‘s verlorene Wiehnachtslied » programmé durant la dernière saison du TAS. Sa pièce historique « Himmel ohne Sterne » avait par ailleurs marqué par sa profondeur et sa sensibilité. Cette saison, les spectateurs pourront apprécier la reprise de son grand succès « Babyboom in schwarz-wiss ».

La journée s'annonçait pourtant belle pour Octave Haferbrei, le fabricant de flocons d'avoine. Le petit-déjeuner était prêt à être servi, et sa charmante épouse sur le point de partir quelques jours pour se refaire une beauté, en l'occurrence un lifting.

"Liberté que tu es belle" pensa-t-il, sans se soucier de celles dont il privait son entourage : son fils Jérôme était tenu d'étudier jour et nuit, et son père, Gustave, de vivre dans l'abstinence depuis que Madame Haferbrei était partie, pour un lifting elle aussi, mais pour ne plus revenir, il y avait de cela une vingtaine d'années. Il menait le navire Haferbrei d'une main de fer et s'en félicitait, et la journée aurait pu être belle si Jérôme ne s'était mis en tête d'appeler Violette, sa petite amie de la fac, et s'il n'y avait eu ce mystérieux coup de téléphone d'une non moins mystérieuse Pepita, qui affirmait connaître un certain Haferbrei avec lequel elle avait passé une bien belle nuit, l'année dernière à Vichy.

S'il n'y avait eu ces "si", la journée aurait vraiment pu être belle, mais comme avec des "si" on mettrait Paris en bouteille... et qu'il est bien connu que le destin suit toujours son cours, attendons patiemment la suite des événements et laissons-nous surprendre par ces quiproquos qui donnent tout leur piment à ce BABYBOOM.

 

Les représentations sont données sur la scène de l'Opéra,
place Broglie, à Strasbourg.
Le spectacle joué en alsacien est entièrement surtitré en français.

 

Représentations :

en soirée, les 25, 27 et 28 mars à 20 h

en matinée, le dimanche 26 mars à 14 h et 17h30

 

Les billets sont en vente en semaine à la caisse de l'Opéra de Strasbourg, place Broglie, de 12 h 30 à 18 h 30, à la Boutique Culture, et directement sur le site du Théâtre Alsacien Strasbourg : webtas.fr 

 

Renseignements et réservations au 06 33 260 300 ainsi que sur webtas.fr


 

 

Distribution :

Octave, Hawerflockefabrikant José Montanari

Louise, sini Frau Fabienne Scharwatt

Gustave, siner Babbe Alain Leseux

Jérôme, siner Sohn Julien Henni

Zazie, sini Tochter Catherine Jung

Violette, Stern vum Jérôme Audrey Buck

Pepita, Revuetänzere Andrée Blum

Théo, Rocksänger Jérémy Fischer

Grossmamme, ex-Frau vum Gustave Cathie Georger

 





De nejgierig Storich mecht wisse

« Boeing-Boeing », « Kaktüs Bluem », « Sässeldanz », « Zwei Brueder », « De Gitzhals », «  Im Scapino sinni Faxe  »... : José Montanari a marqué la mémoire des spectateurs du TAS en incarnant des grands rôles dans nombre de nos productions. Dans une grande brasserie strasbourgeoise, malgré un emploi du temps chargé, il a accepté d'évoquer son amour pour le spectacle dans toutes ses formes et pour notre langue en particulier.

Cette année, on te retrouve dans toutes les pièces de la saison et ce n'est pas la première fois. Tu es très demandé ! Ça doit demander une sacrée discipline...

C'est vrai que depuis que je suis entré au TAS, j'ai toujours été beaucoup sollicité par les metteurs en scène d'hier ou d'aujourd'hui, tels que Marcel Spegt, Jean-Paul Frindel, Jean-Paul Zimmer, Pierre Spegt et, depuis quelques années, Bernard Kolb. Leurs styles de direction d'acteur très différents m'ont beaucoup appris et je leur en suis très reconnaissant. Mais je ne demande jamais un rôle : je suis là si on me le demande, je ne dis jamais non et j'accepte de remplacer des collègues en dernière minute s'il le faut. Etre à l'affiche des cinq pièces de la saison demande un gros investissement en temps et en énergie, car avant de répéter à proprement parler, il faut assimiler les textes, ce qui est très chronophage. Et puis, avec l'âge, on apprend moins vite. Je passe beaucoup de soirées et des week-ends entiers à lire et relire les textes qui me sont confiés. J'ai une mémoire photographique. Cette année, avec «  De Adler un de Leeb  » et « Babyboom in schwarz-wiss » qui se sont succédés à une semaine d'intervalle, les pièces se sont répétées en même temps, ce qui signifiait pour moi de répéter tous les soirs de la semaine, sans véritable temps mort pour assimiler le texte paisiblement ! Il faut du bon sens et de l'organisation pour allier ce loisir, les activités professionnelles, les tâches ménagères et les obligations familiales ! D'ailleurs, comme pour beaucoup de mes camarades certainement, c'est mon loisir principal : ma vie est organisée autour du travail et du théâtre. J'apprends mes textes toujours seul, en promenant mes deux chiens Sombrita et Punchy le long des berges du canal de la Marne au Rhin où j'habite. Les promeneurs et autre joggeurs doivent me prendre pour un extraterrestre lorsque je dis mes répliques à voix haute sans interlocuteur en face de moi ! Nous avons un choix extraordinaire d'auteurs maison joués dans notre troupe, je suis très fier d'eux, que ce soit Christian Royer, Philippe Ritter, Stéphanie Schaetzlé et Elisabeth Ritter, Jean-Paul Zimmer, ou encore Yannick Hornecker et prochainement Pierre Spegt...

Toi aussi tu as déjà écrit pour la troupe.

Oui, dans des circonstances un peu particulières : le jour de mes 50 ans, j'ai glissé et je me suis cassé le col du fémur. Durant ma longue convalescence, j'ai décidé d'adapter « Vue sur le golf », de Pierre Chesnot, que Bernard Kolb a montée pour le TAS sous le titre « Blick uff de Golf ». C'était une très belle expérience, que je renouvellerais volontiers si j'avais le temps !

A part récemment, dans «  De Adler un de Leeb  », où tu jouais le rôle de l'architecte Bodo Ebhardt, un personnage historique, on te voit surtout dans des comédies, un genre dans lequel tu as fait tes preuves. Est-ce que ça se travaille ? Est-ce que tu as des modèles ?

La comédie est, je crois, très appréciée par nos spectateurs et, nous autres acteurs, aimons ce registre parce que c'est un moment de partage avec les spectateurs, qui nous portent et nous soutiennent, mais également avec la troupe, car ce sont des moments forts en émotions positives. Arriver à faire rire les spectateurs procure beaucoup de joie et de satisfaction. Comme tous les acteurs, j'ai besoin de l'amour du public, qui reste le moteur de mes envies théâtrales. Même si j'ai beaucoup d'admiration pour un acteur comique comme Louis de Funès, je n'ai jamais aimé les modèles. J'aime créer les personnages que l'on me confie comme je les ressens, avec l'assentiment du metteur en scène qui, comme le dit Bernard Kolb, qui vient du monde du cinéma, garde le « Final Cut », c'est-à-dire l'autorité ultime sur ce qui se passe sur la scène. Mais je pense que je sais trouver les arguments pour défendre ma vision d'un personnage lorsque je ne me sens pas à l'aise dans une vision imposée. Selon les metteurs en scène, la discussion est souvent possible. Je n'aime pas du tout les mises en scène trop étriquées où l'acteur est un jouet entre les mains du metteur en scène qui le prive de sa liberté d'interprétation.

Tu as joué en maison de retraite en compagnie de Jeanne Schlagdenhauffen : peux-tu nous parler de cette expérience ?

J'ai eu, il y a quelques années, l'occasion de jouer dans toutes les maisons de retraite de la Ville de Strasbourg et environs avec madame Jeanne Schlagdenhauffen dans le cadre d'après-midi récréatives, avec des sketches de Gaston Goetz et la complicité de la chorale des retraités de l'Electricité de Strasbourg. Avec Jeanne, notre doyenne du TAS, aujourd'hui âgée de 95 ans, j'ai eu l'occasion de beaucoup progresser dans mon jeu et j'ai de très beaux souvenirs de complicité. J'ai eu beaucoup de chance de pouvoir partager ces moments avec cette grande Dame du théâtre !

Tu as également joué à Geispolsheim, notamment avec la regrettée Michèle Balmer, actrice du TAS et de la Choucrouterie.

J'ai commencé à jouer au théâtre à l'âge de 14 ans dans le cadre de la Chorale Sainte-Cécile après avoir fait partie de la troupe des servants de messe. D'ailleurs j'avoue que j'ai intégré cette chorale uniquement dans le but de participer à leurs pièces, même si le fait de faire partie d'un ensemble vocal m'a évidemment beaucoup appris. Très vite, j'ai eu envie de plus et j'ai intégré la troupe Saint-Sébastien. C'est là que j'ai rencontré Michèle Balmer, qui a fait son baptême sur les planches avec moi et j'en suis très fier. Elle a intégré la troupe du TAS très rapidement, remarquée par monsieur Fuger, le père de Christian, qui était un des piliers de la troupe. Michèle a été une figure importante durant les quelques décennies où elle a oeuvré sur les planches, tant pour ses qualités artistiques qu'humaines. Il n'y a pas un jour où je n'ai une pensée pour elle depuis son décès il y a deux ans. Elle me manque, à moi et à nous tous. Je suis très fier d'elle, c'est notre rayon de soleil qui nous protège tous. Le Théâtre Alsacien Strasbourg est pour moi une seconde famille, une famille de cœur dont je partage la joie des naissances et la peine des deuils.

Depuis de longues années, tu fais partie du comité en tant que bibliothécaire. Qu'est-ce que ça implique exactement ?

J'ai intégré le Comité du TAS pour être Spielverträter, représentant des comédiens. Après quelques années, quand Christian Laffert a été promu trésorier, notre président m'a confié le poste de bibliothécaire. Je suis chargé de répertorier, inventorier et classer les archives papier, photos et alsatiques de la troupe. Je suis à la disposition des metteurs en scène et du président. Cette année, j'ai par ailleurs été nommé au comité de lecture où nous avons la responsabilité collégiale de l'élaboration des saisons futures. C'est une grande responsabilité.

Montanari est un nom à consonance italienne. Peux-tu nous parler de ton attachement à l'alsacien dans ta famille à double culture ?

Je suis très fier de ma double origine : mon papa originaire de la région de Vérone, en Italie, et ma mère alsacienne se sont rencontrés au Luxembourg. Je suis très heureux de cette mixité culturelle, critiquée par certains, qui m'a donné une belle ouverture d'esprit et m'a construit dans ce que je suis. Je parle l'italien, l'espagnol, l'anglais et l'allemand, en plus de l'alsacien, que j'adore entendre et parler. Je me sens bien plus à l'aise en alsacien qu'en français pour exprimer mes sentiments et mes émotions. Je me sens autant chez moi en Italie qu'en Alsace, mais ma « langue du ventre », celle de ma mère, est celle que j'apprécie le plus. Je suis toujours très ému lorsque je lis l'alsacien dans ses tournures poétiques et nous avons la chance d'avoir autour de nous des auteurs jeunes et intelligents qui perpétuent des beaux textes, comme «  De Adler un de Leeb  ». Philippe Ritter, avec sa plume intelligente et variée, est également un régal pour moi. Je suis convaincu de l'importance de notre combat pour la langue. En tant que trésorier de la Fédération des Théâtres Alsaciens, qui regroupe les troupes de Saverne, Hochfelden, Haguenau, Colmar, Guebwiller, Mulhouse et Strasbourg, j'ai la chance de côtoyer des gens qui, du nord au sud de l'Alsace, font vivre notre langue dans toute sa diversité !

Peux-tu nous parler de ton parcours ?

Contrairement à mes frères et sœurs, j'ai été attiré par le spectacle en général et le théâtre en particulier depuis ma plus tendre enfance. Quand les autres garçons construisaient des maisons en Lego, moi je construisais des théâtres, avec des coulisses, des scènes tournantes, des rideaux et des personnages que je faisais évoluer en les éclairant avec une lampe de poche. J'invitais mes camarades à des après-midi spectacle. J'ai très vite également appris à aimer le cinéma par le biais de la télévision, car il n'y avait pas de cinéma à Geispolsheim où j'ai grandi. Adolescent, j'ai créé un ciné-club, par lequel j'ai essayé de promouvoir un cinéma de qualité auprès des autres jeunes du village. J'ai eu une enfance très heureuse, avec des parents aimants et une fratrie remplie d'amour et de tendresse envers moi. Ma mère était une femme extraordinaire, très cultivée, décorée en 1937 du 1 er Prix de Rédaction national. Elle tenait salon avec des personnalités comme Armand Peter ou Paul Sonnendrücker. Je ne suis pas un clown dans la vie, mais j'ai très vite hérité des rôles comiques ou des rôles de jeune premier. Je pense que le public m'a aidé à vaincre ma timidité. C'est grâce au regretté Gilbert Wolf que j'ai fini par auditionner au TAS. Je le remercie bien fort, de même que Jean-Paul Frindel, Marcel Spegt, Jean-Paul Zimmer, Pierre Spegt et Bernard Kolb qui m'ont pris sous leur aile et m'ont permis d'évoluer. J'ai également eu la chance de pouvoir participer encore aux cours de madame Félice Haeuser qui a transmis aux plus jeunes son savoir en matière de diction et de présence sur scène. Mon premier rôle important a été, durant la saison 1991-1992, « D'r Meischterboxer », de Carl Mathern et Otto Schwartz, dans une adaptation de Josy Payen et une mise en scène de Jean-Paul Frindel. J'ai partagé la scène avec Gilbert Wolf et Danielle Missud, la nièce de Charlotte Marchal. Je me souviens aussi avoir joué sur Radio67 des extraits de nos pièces avec Charlotte Marchal et Jean-Paul Frindel. J'éprouve un réel plaisir à côtoyer les membres de notre troupe, des plus anciens aux plus jeunes. Une troupe qui, rappelons-le, n'est constituée que d'amateurs, qui mènent de front leurs carrières professionnelles et artistiques. J'ai aussi eu la grande joie de participer à l'opérette « Im Wisse Rössel », montée par Christophe Welly et Richard Caquelin à Schiltigheim, où j'ai pu faire la démonstration de mes talents vocaux, tout comme dans « D'Hüssare-Hochzittere » ou « D'Hostellerie Zuem Polnische Hof », sur la scène du TAS.
Maintenant que je suis à quelques encablures de la retraite, tout en espérant jouer encore longtemps, j'aspire à évoluer vers la mise en scène. Cette année, je participe d'ailleurs, à la demande de Pierre Spegt, à la mise en scène de « Pension Scholler ». Ça fait des années que j'en ai envie et j'espère partager ce plaisir avec les spectateurs.

Pour finir, quel est ton lieu préféré à Strasbourg ?

C'est une question difficile, parce que j'aime toute la ville. J'adore bien sûr la cathédrale et son quartier, avec la rue Mercière et puis les quais, avec l'Ill. J'aime la présence de l'eau dans la ville et je suis heureux de vivre le long du canal de la Marne au Rhin. Récemment, j'ai découvert un endroit totalement inattendu : l'île Weiler, qui se trouve en face de la base nautique du Heyritz. C'est un endroit qui n'est accessible qu'en barque, un îlot de nature insoupçonné coincé entre deux bretelles d'autoroute : un endroit magique et sauvage en plein cœur de la ville !

 

Propos recueillis par S. Schaetzlé

 

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